Vous avez lu quelque part que les chaudières au fioul étaient interdites maintenant, mais peut-être que votre budget ou votre situation ne vous permettent pas de vous intéresser à des moyens de chauffage plus renouvelables tels que la pompe à chaleur ou la chaudière à granulés ou à bois.
Et puis certains fournisseurs commercialisent encore des chaudières fioul ! Alors vous vous demandez légitimement ce qu’il en est.
Peut-on encore installer une chaudière ou fuel, oui ou non ? Oui il est possible d’installer une chaudière au fuel, seulement si elle est « Biofuel Ready ».
Nous allons détailler cette réponse dans la suite de l’article, et nous verrons ensuite s’il s’agit d’une décision pertinente d’installer aujourd’hui une chaudière Biofioul.
Interdiction du fioul depuis Juillet 2022 ? Vraiment ?
Si vous parcourez les articles de divers sites sur le thème de l’énergie, vous tomberez inévitablement sur la même conclusion que les nouvelles chaudières au fioul sont interdites depuis le 1er Juillet 2022. Ce qui signifie que vous ne pouvez pas installer une chaudière fioul depuis cette date, mais que vous pouvez toujours réparer ou entretenir celle dont vous disposez déjà bien sûr.
Mais en réalité, le texte de loi qui se nomme le Décret n° 2022-8 du 5 janvier 2022, précise qu’il est toujours possible d’installer des systèmes qui fonctionnent au biocombustible dans la mesure où son seuil d’émissions ne dépasse pas les 300 grammes de CO2 équivalent par kWh de PCI (Pouvoir calorifique inférieur).
Cela signifie que vous pouvez toujours installer une chaudière, pas vraiment fioul, mais plutôt biofioul, dans la mesure où le combustible employé ne dépasse pas ce seuil d’émission de 300g CO2eq/kWh PCI.
Ces chaudières sont la plupart du temps commercialisées avec la mention « Biofuel Ready ». Elles sont en tous points similaires à des chaudières fuel, à l’exception de leur brûleur qui est compatible avec un biocarburant.
À ce jour le biocombustible qui est accepté dans ces chaudières, car son taux d’émission est en dessous du seuil, s’appelle le F30. Et on ne parle pas d’une BMW ! En effet, le F30 est un mélange comprenant 70% de fioul domestique standard, et 30% d’EMHV ou Ester Méthylique d’huile Végétale et en particulier de Colza.
L’ester méthylique de Colza est aujourd’hui admis comme énergie renouvelable, car son utilisation ne dégage théoriquement pas de CO2. Bien que sa combustion en dégage bel et bien, on considère que cette quantité de CO2 absorbée à la croissance du Colza et qu’on peut admettre la compensation.
Les émissions de ce F30 se situent aux alentours de 220g CO2eq/KWh ce qui le rend utilisable.
Puis-je utiliser du biofioul dans ma chaudière fioul ?
Si le F10, un autre biofioul plus émetteur (>300) permettait d’utiliser la chaudière fioul sans modification, le F30 ne le permet pas car ses propriétés de viscosité et de densité sont trop éloignées du fuel domestique standard. Par conséquent vous devrez remplacer le brûleur de votre chaudière fioul pour pouvoir utiliser du F30. Une opération dont le coût tourne autour des 1000-1500 euros.
Combien coûte le biofuel ?
Le tarif actuel du Biofioul F30 tourne autour des 1.30€ par litre ce qui est environ 10% plus cher que le fioul domestique 100% fossile. Cependant il s’agit d’un tarif très variable.
En outre, aucune aide financière pour effectuer une transition vers le Biofioul n’est à noter de la part du gouvernement. Les années à venir verront peut-être l’apparition d’un chèque Biofioul pour soutenir cet effort de transition, mais pour le moment le gouvernement préfère se concentrer sur la subvention des pompes à chaleur de l’isolation ou des systèmes de chauffage au bois.
Quel avenir pour le BioFioul ?
L’un des points contrariants du BioFioul réside dans une certaine variabilité de la qualité des cultures, mais également dans une quantité limitée aux cultures disponibles. Ce qui fait de ce combustible renouvelable une ressource contestée pour son manque de fiabilité ou de stabilité d’année en année. En effet, une année de mauvaise récolte ne permettrait pas de chauffer tous les foyers équipés.
Et d’autre part, la limitation de l’espace consacré à ces cultures et la convoitise qui existe autour de la culture du colza, font de cette ressource un actif dont le prix variera à la hausse avec le temps, et limitent l’intérêt économique long terme à investir dans un tel matériel. En effet, si le prix du biocombustible devient prohibitif, le chauffage ne sera possible que pour une poignée de français et ne sera pas très rentable.
Cela dit, l’avenir de ce biocombustible se dirige vers un nouveau à 50% de colza d’ici 2025-2030 et plus loins vers un biocombustible 100% colza à 0 émissions d’ici 2040.
Julien G.
Julien, diplômé en ingénierie mécanique et spécialiste en génie climatique depuis 2009, s'est reconverti en rédacteur spécialisé en énergies renouvelables, avec une expertise en pompes à chaleur et panneaux solaires photovoltaïques pour l'habitat individuel.
Voir tous les articles de cet auteur
